L'élevage des phasmes, du moins pour les espèces "simples", est particulièrement accessible à tous, tout en s'avérant passionnant.

Les phasmes seront accueillis dans un vivarium qui pourra être en verre ou en plastique (terrarium), ou grillagé (flexarium) ; certains espèces ayant des préférences à bien prendre en compte... Il est possible de trouver le matériel adéquat en boutique spécialisé, ou pour les bricoleurs, de le fabriquer soit-même... Dans tout les cas, il est important de toujours prévoir une bonne aération, cela étant même primordial pour la survie de beaucoup d'espèce.

Le vivarium aura un espace suffisant pour assurer une mue correcte : la hauteur du terrarium sera environ 2,5 fois la longueur de l’adulte. La plupart des phasmes muent la tête en bas, et faute de place suffisante, rateront leur mue et n'y survivront pas. Il est aussi important d'adapter les dimensions du vivarium au nombre d'insectes détenus !

Les phasmes ne vivent pas dans le noir... même si beaucoup d'espèces ont une activité surtout nocturne, un éclairage suffisant leur sera nécessaire, et respectera un cycle jour/nuit. Un bon éclairage naturel ou une lampe LED peuvent suffire, un éventuel éclairage propre au terrarium conviendra aussi s'il ne chauffe pas trop au regard de l'espèce accueillie. L’hygrométrie et la température sont propres à chaque espèce et influent considérablement la réussite voire la survie de l'élevage, certaines espèces étant plus exigentes que d'autres.

Il est important de vaporiser régulièrement le feuillage afin de permettre aux phasmes de boire ; c'est également l'occasion de maintenir si besoin l'humidité nécessaire à l'espèce. Il est important d'être conscient que cette eau sera consommée par des insectes fragiles et sensibles, et doit en particulier être exemptes de pesticides ou d'excès de chlore... À noter aussi qu'une eau calcaire nécessitera beaucoup plus d'entretien pour les parois vitrées. Afin d'éviter une stagnation d'eau en fond de vivarium, on y disposera un fond absorbant. Le plus simple et efficace est souvent d'utiliser du papier essuie-tout : il absorbera l'excès d'humidité tout en facilitant le nettoyage régulier des déchets et la collecte des oeufs. Un substrat tel que l'humus de coco (disponible en boutique spécialisé) permet des décors plus naturel et une bonne maîtrise du taux d'humidité, mais complique l'entretien. À noter que chez certaines espèces, un substrat de ponte de quelques centimètres est nécessaire ; on utilisera dans ce cas un mélange 50/50 d'humus de coco et de vermiculite. Celui ci peut être disposé dans un pondoir.

Concernant la nourriture, les phasmes se nourrissent exclusivement feuilles de végétaux frâiches, et chaque espèce n'accepte que certaines plantes bien spécifiques. En captivité, les plantes nourricières d'origine ne sont pas toujours disponibles voire connues, il faut donc employer des plantes de substitution acceptées par les insectes. La nourriture la plus souvent acceptée sont les feuilles de ronces, de chênes ou de troëne ; il est indispensable de se renseigner avant l'acquisition d'une espèce sur son alimentation, et de s'assurer pouvoir fournir ensuite la ou les plantes nourricières pendant toute la durée de l'élevage.

Concrètement, la nourriture sera présentée sous forme de tiges feuillues fraichement cueillies, mise à disposition avec une réserve d'eau alimentant la plante tout en préservant de la noyade les insectes. On peut par exemple utiliser un pot à confiture dont on percera le couvercle de quelques trous pour passer l'extrémité dest iges dans l'eau ; ou les petits pots à épices disposant de couvercles déjà percées. La nourriture sera remplacée dès qu'elle n'est plus fraîche ou qu'elles risque de manquer. Par exemple, dans de bonnes conditions, des ronces fraîches en quantité suffisante peuvent se conserver environ une semaine. On veillera particulièrement, lors du changement de nourriture, à ce que des phasmes -en particulier les plus jeunes- ne restent pas cachés dans les branchages ; cela arrive fréquemment même aux plus expérimentés. Une inspection minutieuse est impérative, et une "quarantaine" des déchets recommandées avant de les jeter, on évitera bien sûr par précaution, malgré leur caractère recyclable, d'évacuer ces déchets dans le jardin ou la nature !

Une fois adultes, la plupart des espèces vont commencer assez rapidement à pondre, souvent quelques oeufs par jour. On veillera à la bonne fécondation des femelles par leurs mâles, ce qui ne présentent souvent pas de difficultés, et s'avère facilement observables ; les mâles peuvent rester très longtemps, voire en permanence, sur le dos des femelles. Le principal problème est de gérer la croissance des mâles : souvent adultes bien avant les femelles, et d'une durée de vie plus courte, le risque est parfois réel qu'ils meurent avant d'avoir pu féconder les femelles ! À noter toutefois que certaines espèces peuvent se reproduire par parthénogénèse, c'est à dire sans fécondation par un mâle, les oeufs ne donnant alors que des femelles.

Les oeufs seront collectés régulièrement, séparés des déchets et excréments, et placés en couveuse. Il est important d'effectuer ce tri minutieusement à chaque nettoyage régulier du fond du bac, et de ne jamais jeter les déchets dans la nature ou le jardin, car il est fréquent d'y oublier les oeufs ! Concernant la couveuse, la version simple consiste en une simple boite en plastique, par exemple un Braplast, au fond de laquelle est déposée un fond de vermiculite maintenu à l'humidité adaptée pour une bonne incubation. Une version plus élaborée consiste à tendre une compresse ou une très fine moustiquaire au dessus du substrat humide (vermiculite ou humus de coco), sans contact direct : cela limite les risques de moisissures ou humidité excessive, et facilite la surveillance des oeufs, ou leur transfert ultérieur. L'incubation a une durée très variable selon les espèces, de quelques semaines à quelques années ; la plupart du temps, quelques mois. C'est le bon moment, si les pontes sont importantes, pour réguler la population de votre élevage, en cédant ou détruisant des oeufs si nécessaire.

De même que les oeufs sont pondus un par un, les naissances seront souvent très étalées dans le temps. Dès celles-ci, les jeunes phasmes sont transférés dans un un vivarium tel que décrit plus haut, qui peut bien sûr être celui auparavant occupé par leurs parents, ou bien un autre adapté à la taille des jeunes phasmes, dans ce cas ils devront être transférés dans une boite plus grande en grandissant. Et nous voilà reparti pour un tour... Chez la plupart des espèces, il est envisageable de faire cohabiter adultes et jeunes (sous réserve de place suffisante) ; on préferera par contre, si le cas se présente pour les espèces à cycle court et bonne longévité, éviter de maintenir ensemble des adultes de deux générations, ce qui sera facteur d'appauvrissement génétique de votre souche. Les cohabitations entre espèces sont parfois possibles, mais pas toujours bien acceptées ; elles doivent être réservées à des espèces de genres différents, pour éviter tout risque d'hybridation ; et elles ne manqueront pas de compliquer la tâche de collecte des oeufs... Ce type d'expérimentation restera donc plutôt réservé à des éleveurs expérimentés.